Etel Adnan, Adnan, Ohne Titel / Sans titre / Untitled, 2010, Öl auf Leinwand / Huile sur toile / Oil on canvas, 24 x 30 cm, Courtesy the artist and Sfeir-Semler Gallery, Hamburg / Beirut

Etel Adnan, Adnan, Ohne Titel / Sans titre / Untitled, 2010, Öl auf Leinwand / Huile sur toile / Oil on canvas, 24 x 30 cm, Courtesy the artist and Sfeir-Semler Gallery, Hamburg / Beirut

Quand j’ai commencé à peindre au tout début de 1960 le peintre qui m’a le plus frappée fut Paul Klee. Un coup de foudre. Je recherchais sa peinture, surtout dans des livres, et dans des musées quand c’était possible. Je suivais des yeux chaque ligne, découvrais qu’il encadrait en quelque sorte ses tableaux dans l’intérieur de la toile pour les agrandir mieux, des façons à lui. Ce fut une fascination, et un apprentissage dans la foulée de cette sorte d’addiction. J’aimais tout, le découvrant sans cesse. Comme un premier amour dans d’autres domaines, cette passion créait une acuité du regard dont je me souviens comme d’une révélation continue. Chaque ligne était comme si elle venait d’être tracée sous mes yeux. Il représentait un monde intime et étranger en même temps. La diversité de son monde apportait des surprises. Ses couleurs me semblaient être comme des émaux. Bien que non formée par des théories ou par des cours sur l’histoire de l’art je voyais dans plusieurs tableaux, même quand ils étaient lumineux, une terrible angoisse. Il était homme d’une entre-deux-guerres. Cela je l’ai appris plus tard mais l’ai vu instinctivement. Quand il y avait des personnages, ceux-ci avaient quelque chose des clowns et des marionettes, c’était donc les morts de 1914-1918 ou ceux de 39-40. Il a beau avoir écrit des ouvrages théoriques, je crois qu’il cherchait de tableau en tableau ce que la peinture était, ce qu’elle pouvait dire ou être, et probablement n’a jamais trouvé de réponse, la réponse étant le tableau lui-même. Cette entre-deux-guerres était une période turbulente et tragique, surtout dans le monde germanique. D’autant plus que le rêve du Bauhaus, du monde nouveau, était brisé par les Nazis. Il se sentit donc exilé, et ironiquement exilé dans le pays même de sa naissance, en Suisse. Chassé de son Rêve. Les dimensions même de ses oeuvres qui n’étaient jamais grandes, me permettaient d’entrer en contact avec son moi intérieur, où les lignes serrées, et les couleurs nombreuses créent chez lui une sorte de net-work, des réseaux, des entre-filets, des labyrinthes qui reproduisent les images intérieures de son moi qui deviennent, par la magie de son talent, notre propre moi intérieur. D’où la fascination, l’identification, le besoin d’y retourner, comme on retourne à soi pour ne pas se perdre.
— Etel Adnan, 2018

 

Zentrum Paul Klee
 

Mit Etel Adnan öffnet das Zentrum Paul Klee die Tore zu einer einzigartigen Ausstellung, die in enger Zusammenarbeit mit der Dichterin, Malerin und Philosophin entstanden ist. Ihr Werk vereint Gemälde von vibrierender Farbigkeit, Leporellos und Arbeiten auf Papier voller Poesie, eine Filmarbeit und grossformatige Tapisserien. Mit ihrer Teilnahme an der dOCUMENTA (13) im Jahr 2012 ist die heute 93-jährige Etel Adnan schlagartig einem grossen internationalen Publikum bekannt geworden. Die heute in Frankreich lebende libanesische Künstlerin ist eine der bedeutendsten Vertreterinnen der arabischen Moderne. Adnan entdeckte Paul Klee anfänglich über seine Tagebücher in den 1960er-Jahren. Sein Werk und seine Texte sollten sie in ihrer künstlerischen Tätigkeit nachhaltig prägen. Die Ausstellung im Zentrum Paul Klee entwickelt einen Dialog zwischen Etel Adnans und Paul Klees Werk. Etel Adnans Biografie ist von einem multikulturellen Umfeld geprägt. Sie kommt 1925 in Beirut, im französisch besetzten Libanon, zur Welt. Die Tochter einer christlichen Griechin und eines muslimischen Syrers studiert später an der Sorbonne in Paris und in den Vereinigten Staaten in Berkeley und Harvard. Ihr Leben spielt sich fortan zwischen der Bucht von San Francisco, Beirut und Paris ab. Vor allem in ihrem literarischen Schaffen sind ihre Herkunft, ihre Familie und die Geschichte des Nahen Ostens präsent. Mit ihren philosophischen Essays, Romanen, Gedichten und journalistischen Texten macht sie sich schon in den 1970ern international einen Namen und avanciert zu einer wichtigen Stimme der arabischen Literatur.

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